Le James Dyson Award est un concours de design international ouvert aux étudiants des écoles de design et d’ingénieurs qui récompense une solution innovante à un problème quotidien. En Novembre dernier, c’est Dan Watson, un étudiant britannique du Royal College of Art de Londres qui a remporté l’édition 2012 avec son projet baptisé « SafetyNet ». Ce « filet de sécurité » est un filet de pêche sélectif destiné au chalutage de fond. Equipé de bagues luminescentes, le filet permettrait aux poissons de petite taille de s’échapper avant que celui-ci ne remonte à la surface. Il permettrait également d’épargner quelques espèces menacées comme le cabillaud.
Alors que les constats alarmistes se multiplient concernant la surexploitation des océans, l’épuisement progressif des stocks de poissons et la disparition programmée de plusieurs espèces, comités scientifiques en concertation avec les organisations régionales de gestion des pêches cherchent depuis plusieurs années à améliorer la réglementation dans ce domaine. L’une des causes majeures de la surpêche reste le volume trop important des prises accessoires et des rejets. Par « prise accessoire », on entend les espèces capturées accidentellement et donc non commercialisables comme les phoques, les tortues, les crustacés ou les cétacés, les espèces de poissons non visées ou interdites de pêche ou les poissons de trop petite taille. Le taux de rejet des prises accessoires peut parfois représenter plus de la moitié du volume d’une capture. Le WWF estime que plus de 27 millions de tonnes de poisson sont rejetées chaque année pour cette raison. Un état des lieux peu reluisant qui reflète un gaspillage considérable et sous-entend une réduction de la biodiversité à long terme. Le SafetyNet offre peut-être un début de solution à ce problème complexe.
En quelques mots, le SafetyNet est un système de renforcement des chaluts traditionnels grâce à des anneaux « échappatoires » lumineux ou « bagues de sorties » qui permettent aux plus petites espèces de s’échapper du filet, même sous une tension maximale. Les bagues de renforcement sont fabriquées en Nylon 6 (ou Perlon), un polymère thermoplastique extrêmement résistant. Ces dernières sont équipées d’un système d’éclairage à LED (à piles ou à turbine mécanique) qui agit comme un signal de « sortie de secours » pour les poissons juvéniles. Il est possible d’installer ces bagues sur n’importe quel chalut traditionnel. L’autre caractéristique du « filet de sécurité » est la présence d’une cloison de séparation des espèces. Ayant observé qu’en situation de stress, les cabillauds (espèce menacée dont la pêche est très règlementée, voire interdite dans certaines régions) nagent vers le bas alors que l’aiglefin et le merlan nagent vers la surface, le filet est équipé de mailles de plus grandes tailles dans sa partie inferieure de façon à épargner les cabillauds. La vidéo explicative suivante explore le concept en détail.
Depuis l’obtention de son diplôme, Dan Watson a créé sa propre entreprise baptisée SafetyNet Technologies. Plusieurs prototypes sont à l’étude en vue d’une commercialisation prochaine, et ce en partenariat avec le gouvernement britannique qui s’est très tôt intéressé au projet. Une innovation technologique notable qui a sans doute le potentiel de stimuler de manière durable le secteur de la pêche commerciale.
Source: The Guardian