Fin octobre, la SNCF sortait sur son site de vente en ligne une innovation de taille : l'éco-comparateur. Le principe: proposer aux clients de comparer leurs trajets selon différents moyens de transports, à savoir : train / voiture / avion.
Cet indice permet à l'internaute de comparer, sur un même trajet, le prix, la durée et l'indice de pollution du train, de l'avion et de la voiture.
L'approche est donc intéressante, puisque nous utilisons des moyens de transports qui, à 96 %, fonctionnent à base de pétrole et émettent donc beaucoup de CO2. En France, les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports représentent le quart de nos rejets. Elles ont cru de 20 % en 10 ans, à cause de l'augmentation du nombre de véhicules et de la longueur de nos déplacements.
Seulement, bien que validés par l'ADEME (Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), les données qui servent à calculer ces émissions de gaz à effet de serre ne manquent pas de soulever des protestations, notamment de la part des compagnies aériennes.
« Les chiffres présentés sont grossièrement faux », a regretté Jean-Cyril Spinetta, vendredi dernier à Cannes (lors du Cannes Airlines Forum). Le patron d'Air France a d'abord noté que la consommation d'un A 320 était 20 à 40% inférieur à ce qui est indiqué sur le site. « Je suis stupéfait de voir que les compagnies n'ont pas été consultées sur ce point », a-t-il souligné.
La sortie de cet outil de comparaison jette donc un pavé dans la marre, et ne manque pas de nous rappeler la controverse qui se joue aujourd'hui entre ceux qui militent pour un éveil collectif des consciences sur la problématique des changements climatiques (dont les ambassadeurs sont Al Gore et hexagonalement Nicolas Hulot), et les pro-Bush et autres lobbyistes industriels qui ne voient dans ces approches que mensonges sur des chiffres, et empêcheurs de tourner en rond.
Pourtant, le Pdg d'Air France de continuer « Le vrai débat des prochaines années qui attend les compagnies aériennes dans leurs relations avec les consommateurs portera sur les questions d'environnement, et notamment celles liées à l'effet de serre. Il faut sur ce point que nous fassions un travail d'anticipation ». A croire alors que les compagnies aériennes ont manqué le train qui est déjà en marche...
Ce n'est sans doute que le début de la bataille sur les chiffres et leurs interprétations, mais elle a au moins le mérite d'inciter les différents acteurs à se mettre autour de le même table pour trouver un consensus sur ces chiffres.
En tous les cas , le gagnant dans tout ça, et c'est assez rare pour être souligné, sera le consommateur, qui pourra évaluer ses trajets du point de vue financier et environnemental avec plus de transparence.
Pour info, les chiffres des émissions de gaz à effet de serre trouvés sur le site du défi pour la terre :
Émissions de gaz carbonique (CO2) par mode de transport et par personne sur un trajet Paris-Marseille :
• Voiture : 178 kg (pour le conducteur seul, 89 kg avec un passager)
• Avion: 97 kg (l’avion plein)
• TGV : 3 kg