C'est l'une des régions les mieux dotées en matière de potentiel d'energies renouvelables : ensoleillement généreux, vents fréquents, agriculture omniprésente... Mais du fait de la centralisation du territoire et de choix politiques incohérents, l'approvisionnement en électricité de la Bretagne souffre de faiblesses dangereuses. En effet toute la production est concentrée à l'est : 900 millions de kilowatt/heures sont produits annuellement par l'usine marémotrice de la Rance (Ille et Villaine), qui délivre une puissance de 240 MW. Ceci, avec les turbines à combustion de Brennilis et Dirinon (490MW) ne représente que 5% de la consommation des 5 départements bretons. Le reste est importé par RTE (Réseau de Transport d'Electricité), via les noeuds d'interconnexion de Domloup (Rennes) et Cordemais (Nantes). Résultat : des pertes énormes de charge sur les 200 km nécéssaire au transport du courant vers l'ouest (finistère notamment). C'est l'une des raisons pour laquelle les constructions d'éoliennes se développent fortement sur le finistère. Mais l'intermittence de cette source d'énergie impose de nouveaux projets. C'est tout l'enjeu de l'appel d'offre qui a été lancé par RTE, le 16 février 2006, pour la construction d’une installation de production d’au minimum 80 MW dans la région de Saint-Brieuc. Le projet original de la société marseilleise EDM13 (lire article précédent), consiste à coupler la biomasse à l'énergie solaire pour une puissance de 120 MW.
La société EDM13, détentrice de brevets en matière d'energie solaire, compte associer à sa technologie solaire CAES (Compressed Air Energy Storage) une turbine à vapeur alimentée par la combustion (chaudière NordFab), alimentée par du colza, du bois et de la paille, et reliée à une turbine à vapeur fournissant 80 MW cinq mois par an. Les combustibles, en quantité impressionnante (23 000 t de colza, 18 000 t de bois et 15 000 t de paille) proviendront d’exploitations agricoles du secteur de Plaine-Haute, commune des Côtes d'Armor.
Toute la difficulté pour la société EDM13 consiste à répondre au cahier des charges en s'y conformant pour concurrencer les solutions classiques : centrale au fioul, ou au gaz, qui coutent surement moins cher : sur ce point, peu d'informations sont disponibles à l'heure actuelle. Souhaitons que ce projet retienne toute l'attention de RTE, et qu'une politique de gestion durable des questions énergétiques en Bretagne l'emporte sur un calcul financier à court terme...
Source : Novethic : RTE entre énergies fossiles et énergies renouvelables