Nicholas Stern, ancien vice président de la Banque Mondiale, s'apprête à rendre public un rapport commissionné par le HM Treasury (Her Majesty's Treasury) : le ministère public des finances brittaniques de Gordon Brown est en effet, à l'initiative du gouvernement de Tony Blair, l'un des premiers au monde à quantifier sérieusement l'impact économique des désastres climatiques qui s'annoncent pour le 21e siècle. Ce rapport de 700 pages n'est ni un essai, ni un argumentaire : c'est une rigoureuse étude économique, qui tient compte de la croissance de la demande énergétique, de la diminution des resources, de l'impact des changements climatiques (sécheresse, tempêtes,innondations, pour ne citer que les plus connus), sur le fonctionnement de l'économie mondiale. Le calcul n'est pas simple et a occasionné plusieurs mois de travail. Les conclusions sont rendues publiques aujourd'hui : il faut s'attendre, si l'on ne traite pas le problème, à une crise économique de l'ampleur de celle de 1929, ou équivalente aux guerres mondiales réunies !
Les constats
Enfin, pourrait-on dire, les économistes parmi les plus compétents se joignent aux scientifiques pour relayer un signal d'alarme qui doit pousser à l'action. Dans cette étude, enfin, l'optimisme niais a cédé le pas à un réalisme nécéssaire : le réchauffement climatique pourrait provoquer à lui tout seul la pire récession mondiale jamais connue, si les gouvernements ne prennent aucune mesure pour y remédier dans les dix prochaines années. Il rendrait de grandes parties du globe inhabitables, provoquerait le déplacement de 200 millions de personnes, la disparition de 40% des espèces, sans oublier les sécheresses et les inondations de masse. Coût total de la facture : 5.500 milliards d’euros, soit plus que les deux guerres mondiales réunies ou que la crise de 1929. Selon l’économiste, la situation est tellement grave que même un arrêt immédiat de la pollution ne parviendrait pas à contrer les conséquences des gaz à effet de serre déjà dans l'atmosphère : le réchauffement du climat continuerait pendant encore une trentaine d'années et le niveau des mers s'élèverait encore pendant un siècle.
Impact sous estimés
Il faut noter que l'étude aboutissant à ce rapport a débuté en juillet dernier : elle n'a donc pas pris en compte les dernières publications scientifiques annonçant l'accélération impressionnante du réchauffement climatique. Même catastrophique, le constat de ce qui restera probablement dans l'histoire comme le rapport Stern, première contribution d'un économiste à la lutte contre le réchauffement climatique, sous estime ses conséquences. Il n'en est que plus impressionnant et pertinent.
Les propositions
Heureusement, ce rapport n'est pas là que pour constater, il propose des solutions. Venant d'un ministère public des finances, il aura, on s'en doute, un poids considérable chez les dirigeants de tous les pays. Tony Blair lui même n'y est pas resté indifférent : Dans une lettre ouverte publiée dans le tabloïd The Sun, il explique que c'est le rapport "le plus important sur le futur" qu'il ait jamais reçu depuis qu'il est Premier ministre. Il ajoute : "Le rapport Stern devrait être considéré à travers le globe comme le dernier mot sur la raison pour laquelle le monde doit agir maintenant pour limiter les dégâts que nous causons à notre planète". Consacrer une portion du budget des pays riches est donc, au delà la nécéssaire implication de chaque citoyen, une étape indispensable : Selon Sir Stern, il serait "juste que les pays riches payent un peu plus" en allouant 1% de leur PIB pour lutter contre le réchauffement climatique.
Le rapport en entier est téléchargeable au format PDF :
Stern Review on the Economics of Climate Change, 30 octobre 2006