Après l'affaire des graines de Kokopelli (triste souvenir), l'affaire du glyphosate biodégradable (grande victoire), les péripéties judiciaires liées à l'éternel combat entre profit à court terme et vision durable se suivent et ne se ressemblent pas. En Grande Bretagne, la justice s'attaquait cette semaine à une action de Greenpeace ayant entrainé à l'opérateur d'une centrale au charbon des frais de l'ordre de 40000 euros. En octobre 2007, six militants avaient pris d'assaut la cheminée, haute de 200 m, de la centrale au charbon de Kingsnorth (Kent), avec pour objectif le bloquage du fonctionnement de l'usine. Le groupe avait peint en grandes lettres blanches le prénom du premier ministre, Gordon Brown, sur la cheminée.
Invoquée par le groupe EON exploitant la centrale, la justice a rendu un verdict favorable à l'association militante : le jury a estimé que les dégâts causés étaient motivés par une juste cause, dont les conséquences pourraient avoir un coût bien plus important : la sauvegarde de la planète. Le site de Kingsnorth avait été choisi en raison du projet du numéro un allemand de l'énergie d'y construire une nouvelle centrale, un investissement s'élevant à 1,5 milliard de livres (1,89 milliard d'euros).
Le témoignage de Jim Hansen, une des sommités mondiales sur la question du réchauffement, a fait pencher la balance. Selon le climatologue en chef de la NASA, également conseiller de l'ancien vice-président américain Al Gore, les 20 000 tonnes de dioxyde de carbone émises quotidiennement par la centrale de Kingsnorth pourraient être responsables de la destruction de 400 espèces. De son coté, Zac Goldsmith, une des figures du mouvement écologiste, proche du leader conservateur David Cameron, a souligné que la construction d'une nouvelle centrale sur ce site "rendrait plus difficile d'exercer des pressions sur des pays comme l'Inde ou la Chine pour qu'ils réduisent leur recours au charbon pour produire de l'électricité".