Les produits du terroir ont rencontré l'énergie des vents d'automne au cours d'un buffet inaugural organisé hier, samedi 7 octobre 2007, pour célébrer le premier anniversaire de la mise en service du plus gros parc éolien de France. C'est une véritable leçon d' 'éthique des affaires' que nous distillaient, sous les doux murmures des rotations des aérogénérateurs, les dirigeants de la Française d'Eoliennes, à l'occasion de l'inauguration officielle des deux sites constituant la plus importante ferme éolienne de l'hexagone. Avec une puissance totale de 35 MW, les 42 éoliennes, réparties sur 4 communes des plaines agricoles de la Marne, ont déjà produit 64 millions de Kwh depuis leur mise en service, il y a exactement un an : cela représente la consommation moyenne d'une agglomération de 80000 habitants ! Au delà des chiffres, la Française d'Eoliennes (SFE), fière de son statut de PAE (Producteur Autonome d'Electricité), établissait un bilan des 3 années de préparation, études et chantier qui ont abouti à ce qu'il faut bien voir comme une réussite socio-économique : les élus locaux, eux aussi, étaient de la partie, insistant de leur coté sur l'immense opportunité que représentent ces nouvelles formes d'exploitation durable des territoires. Car l'impact de tels projets se développe évidemment au delà de la nécessaire acquisition d'une indépendance énergétique. Outre les classiques taxes professionnelles que génèrera l'exploitation du parc, les opérations de maintenance donneront lieu à des créations d'emploi, certes encore modestes (une dizaine sur le parc), mais incontestablement durables. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'ouvrira prochainement, au Lycée de Charlesville Mezière, un cursus BAC+2 unique en France : Technicien en Maintenance d'Installations Eoliennes.
On le voit, la SFE a poussé à l'extrême une démarche volontaire de partenariat étroit avec les élus locaux, la population, et les associations écologistes. Olivier Duguet, PDG du Groupe Française d'Eoliennes, le reconnaît, c'est une étape indispensable : 'L'acceptation et le volontarisme des intervenants locaux contribuent largement à la réussite de nos projets'. Outre les obligations réglementaires et législatives, de nombreuses initiatives ont favorisé “l'apprentissage” par les populations locales des enjeux des implantations de ces “nouvelles industries” : bulletins d'informations réguliers pour les habitants des communes concernées, engagement sur la remise en état des parcelles en fin de chantier, replantation de haies, suivi ornothologique à long terme (avec la Ligue de Protection des Oiseaux), études de conformité à la législation relative aux impacts sonores, enfouissement des lignes à haute tension (20000Volts).
Coté technique, pas de grosse surprise : fabriquées et montées par Gamela eolica, plus gros fabricant mondial (lire notre article précédent : éoliennes en Chine), les aérogénérateurs culminent à 100m de hauteur et chacun a une puissance de 1MW environ. Comparez avec les éoliennes de Chateaulin, dans le Finistère, dont nous avions suivi le chantier (lire notre article et reportage photo) : 140m de hauteur, 2.5MW chacune. La raison de cette limitation tient à l'existence d'un couloir aérien sur la région champenoise. On peut noter, à la faveur de la Française d'Eoliennes, un exemple supplémentaire de sa volonté de faire participer les entreprises locales : un maximum d'intervenants champenois ont été retenus, contrairement au chantier de Chateaulin qui accueillait, faute de compétence locale, des entreprises Irlandaises, Ecossaises.
Ces engins du futur, nés au coeur d'une civilisation encore dominée par des sources d'énergie fossile (pétrole, gaz, nucléaire), auront encore de nombreuses luttes à mener pour imposer leur évidence : au sein d'une économie noire, dominée par les coups bas et la corruption, ou l'opacité, les chartes éthiques de la Française d'Eoliennes convaincront-elles suffisament les communautés locales des avantages d'un usage approprié de cette source d'énergie, certes intermittente, néamoins infinie, que représente l'ancestrale force des vents ? Le pragmatisme du PDG Olivier Duguet, ancien financier reconverti dans cette nouvelle industrie, montre qu'il est possible de concilier rentabilité à long terme, transparence, et respect des riverains.
peut-on avoir une visite commentée pour un goupe env. 40 personnes adultes.