Nous pensions que l'affaire était entendue : sous les coups de projecteurs de divers intervenants internationaux, l'évidence se dévoilait au grand jour. Ce fut d'abord de petits articles, puis vint le film d'Al Gore dans lequel ce dernier prouve, démonstrations à l'appui, d'une part que le réchauffement climatique est indéniablement causé par les activités humaines, d'autre part que de nombreux lobbies et groupes d'influences, financés notamment par Exxon Valdez, ont pendant des années mis tous leurs efforts et investissements dans une magistrale oeuvre de négationnisme. Objectif : en dépit des preuves scientifiques qui existent depuis des décennies, il fallait jeter le doute dans l'esprit du grand public. Ca a bien marché. Récemment, l'Union des Scientifiques Concernés (Union of Concerned Scientists) de New York émettait un communiqué sur le sujet, décrivant comment Exxon s'est inspiré des méthodes de l'industrie du Tabac qui pendant des années a fait croire au grand public que fumer était bon pour la santé.
Il faut lire cet article pour y croire. En se donnant des airs de science, les consultants payés par Exxon ont pendant des années (et y travaillent encore) développé des trésors de stratégie pour :
- semer le doute au maximum dans l'esprit du grand public et des décideurs, s'opposant à des vérités scientifiques indiscutables
- se regrouper en organisations donnant l'apparence de "groupes de recherche scientifique"
- déguiser les intérêts financiers de l'affaire en recherche de "vérité scientifique"
- essayer d'atteindre les plus hauts niveaux de décision de l'état, en particulier depuis l'élection (frauduleuse) de Bush
Il faut bien reconnaitre que sur tous ces points, ils ont réussi. Malgré l'évidence, malgré les conséquences, malgré l'irréversibilité du phénomène, en dépit (on s'étonne encore?) de la morale la plus élémentaire, les négationnistes ont réussi.
En témoigne un article daté du 9 janvier, publié sous la plume de John Kay dans le Financial Times de Londres. Assimilant les environnementalistes à des religieux frustrés de la fin du Marxisme, il affirme notamment, dans une magnifique prose des plus vicieuses : " the assertion not just that the world is warming up, which is plainly true, but that this warming is our fault, which is less plainly true ".
Nier l'origine humaine du réchauffement climatique, comme l'affirme publiquement John Kay dans le soi-disant très respectable FT, est un exemple de plus, ce 9 janvier 2007, d'un négationnisme contre lequel nous ne pouvons rester sans réagir.
Nous rappelons en effet que les évidences scientifiques n'admettent plus aucun doute sur l'origine humaine de l'augmentation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère depuis quelques décennies, notamment le CO2 et le méthane. Il a été démontré, sur plusieurs centaines de milliers d'années, que la variation de proportion de ces gaz dans l'atmosphère de la planète est directement corrélée aux variations de températures moyennes sur cette même planète.
Mais les économistes du Financial Times et autres lobbyistes pétroliers, apparament, ne vivent pas sur la même planète.