Il faut l'avouer, la perspective de faire tourner son moteur à l'huile de tournesol, biodiesel ou éthanol est séduisante pour les ecolos des nouvelles campagnes ou les 4x4 citadins. Même nous, à ecolopop, avons accueilli avec enthousiasme les avancées récentes en la matière, qu'elles soient institutionnelles et privées. Mais qu'en sera-t-il lorsque la totalité de la flotte mondiale de véhicules, pour ne prendre que cet exemple, devra se convertir à ces nouveaux produits d'une agriculture qui reste nourrie d'intrants chimiques et pesticides ? L'association Kokopelli, connue pour ses engagements en matière de semences anciennes, publie après son passage au salon de l'agriculture un communiqué marquant clairement un refus de ce nouvel eldorado qui profite surtout, grâce aux combines des états complices, aux multinationales.
Mettez du sang dans votre moteur! La tragédie des nécro-carburants
Communiqué de l'association Kokopelli
Suite à notre visite à la grande foire aux mensonges du salon de l'agriculture, Dominique Guillet a rédigé un article sur le scandale des carburants végétaux. Des bombardements en Colombie aux esclaves dans les plantations de canne à sucre au Brésil en passant par les tortures en Indonésie, les carburants végétaux ne sont ni verts, ni bios, ni équitables.
Ils ne sont pas non plus durables et ne font qu'accélérer les processus d'érosion, de désertification et de pénurie d'eau.
Les multinationales de l'agro-chimie, des semences, des biotechnologies, de la pétro-industrie, de l'agro-alimentaire se sont toutes alliées dans cette grande farce et vantent les mérites d'une "indépendance énergétique". Ils prétendent même que les carburants végétaux ne représentent aucune concurrence pour les filières alimentaires. Cependant, des émeutes éclatent au Mexique et aux USA, les cours du maïs flambent, avec une augmentation de 115 % en 15 mois!
Ce dossier est ouvert et vos commentaires sont les bienvenus sur le site Kokopelli.
comme moi, au premier abord, ça me semblait la solution, mais après avoir plus reflechit...non, ce n'est pas ça encore. Le pire est que je suis convaincue qu'il y a mieux, que ça existe déjà, mais que cen'est pas assez profitable et donc on en entends pas parler...c'est triste!
Et si on arrêtait de manger de la viande? Il faut 10 kilo de céréales pour produire un kilo de viande (les 9 kilos restants se transforment en purin, qui finit par polluer nos nappes phréatiques; l'organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a récemment publié un rapport sur les conséquences climatiques et environnementales de l'élevage; le rapport peut se télécharger à http://www.virtualcentre.org/en/library/key_pub/longshad/A0701E00.pdf).
Si tout le monde se tournait vers une alimentation végétale, une grande partie de la surface agricole serait libérée et pourrait ainsi être utilisée pour les biocarburants.
Les biocarburants ne sont biensûr pas sans problêmes pour l'environnement, mais le réchauffement climatique causé en bonne partie par l'utilisation des carburants fossiles pose à mon avis des problêmes au moins aussi importants, et sûrement plus incontrolables, que ceux posés par les carburants verts.
L'utilisation des biocarburants ne crée pas tant de dilemme entre "manger ou conduire", mais plutôt entre manger de la viande ou conduire.
justement Hélène si tu lisais le lien intitulé Kokopelli (ci-dessus) jusqu' au 1er tiers, tu verrais que les carburants "verts" posent au moins autant de problèmes pour la simple raison que leur fabrication brûle du charbon, au point d' émettre 300 tonnes de CO2 par jour pour une seule usine américaine. 200 centrales du même type se profilent aux USA.
Le bilan de l' éthanol est négatif: pour un litre d' éthanol, il faut 2,37 kg de maïs, 4 litres d' eau (3800 personnes meurent de soif tous les jours), et brûler 500 g de charbon!
PS je suis entièrement d' accord avec toi sûr la viande et le rapport dix dont tu parles va jusqu' à 17 pour certaines viandes!
PPS en 2014, la surface par habitant sera de 10 m2 dans les pays pauvres, où 36000 personnes meurent de faim tous les jours
Donc entièrement en désaccord pour conduire au lieu de manger par contre
On n'a pas de production sans avoir de pollution. Je suis tout à fait d'accord avec l'article de Guillet sur ce point, et biensûr la production d'éthanol n'est pas une exception.
Ce qui me percute, c'est que les problêmes dont Guillet parle ne sont pas uniquement les problêmes liés à l'éthanol, mais tout autant les problêmes liés à la production animale: deforestation, manque d'eau, crise alimentaire etc...
Hors il me semble que la surface agricole dont nous disposons serait bien mieux utilisée pour produire des carburants dont nous avons grand besoin plutôt que de la viande, dont nous pouvons nous passer sans problême et qui pollue tout autant. Remplacer la production animale par la production de biocarburants n'aurait que des effets positifs: tout autant de nourriture et une réduction des gaz à effet de serre, sans avoir à établir de nouvelles surfaces agricoles.
Je ne suis pas d'accord avec Faryann qui conclut que le bilan de l'éthanol est négatif. Si on compare le bilan de l'éthanol à celui du pétrole, il y a clairement des avantages. En prenant compte de l'énergie utilisée pour la cultivation et la production d'éthanol, la balance énergétique est positive. Cela signifie que l'énergie utilisée est inférieure à l'énergie contenue dans le produit final. Il y a biensûr des variations dues aux méthodes agricoles et de production; certaines méthodes sont plus efficaces que d'autres. Un article récent publié dans Science par des chercheurs de l'Université de Berkeley le démontre: http://rael.berkeley.edu/ebamm/
P.S.: L'article de Guillet donne un autre point de vue sur les biocarburants, et je trouve ca bien que le débat soit nuancé. Je trouve pourtant dommage que Guillet démonise les biocarburants. Ils sont loin d'être la solution parfaite; mais d'un autre côté, quelles sources d'énergie alternatives avons-nous pour remplacer le pétrole, qui soient utilisables maintenant ou dans un futur proche?
Encore une fois on oublie sciemment de parler des huiles végétales au détriment de se pseudo carburant. Le bilan énergétique leur est largement favorable et ce n'est rien encore comparé avec le bilan de l'huile recyclée...
Personne n'oublie de parler des huiles végétales... elles sont utilisées pour fabriquer du biodiesel.
Le bioethanol n'est pas un "pseudo carburant", c'est un carburant au même titre que le diesel, le biodiesel et l'essence.
Pour ce qui est du bilan énergétique, les choses ne sont pas si simples. Dans cet article (http://www.ecoworld.com/home/articles2.cfm?tid=398) le bioethanol et le biodiesel sont comparés et il en est conclut que les deux carburants ont chacun leurs avantages, et que le choix dépend de la plante et du climat où elle poussera.
Est-il légitime de consacrer d’immenses surfaces des meilleures terres agricoles à la production de carburants destinés aux transports, pendant que des milliards de personnes souffrent de malnutrition ?
Pour couvrir l'ensemble des besoins en carburant de la France, il faudrait couvrir de colza la totalité du territoire sur l’hexagone, et certainement bien plus encore! ’Est-ce nécessaire !?
Pour obtenir des rendements agricoles importants, est-il légitime d’utiliser de grandes quantités d’eau ?
(Irrigation intensive),
Pour le bioethanol le bilan est bien plus positif en ce qui concerne la surface cultivée: moins de 20 % suffirait à couvrir la totalité des besoins en carburants. Mais pour cela il faut déveloper le bioéthanol de seconde génération (qui devrait être en place dans environ 5 ans).
En ce qui concerne le bilan énergétique du bioéthanol, il est bien positif. une unité de combustible fossile produit 2x plus d'énergies renouvelables (bioéthanol). En ce qui concerne le biodiesel, le ratio est de 3 (3x plus d'énergie à partir d'une quantité d'énergie renouvlable). Ces résultats ont été obtenus par des experts de l'ifp, de l'ademe et en collaboration avec le gouvernement français de l'industrie. De plus, il faut savoir que les biocarburants sont des solutions à court termes. Ils permettent de préserver l'environnement pendant que l'on trouve d'autres solutions.
Bioéthanol – ce qu’il coûte et ce qu’il donne
Il faut un peu plus d’un litre d’équivalent pétrole pour produire un litre de bioéthanol.
Ces chiffres s’entendent depuis les labours jusqu’à la dernière distillation.
Il faut un 1,600 litre d’éthanol pour fournir la même quantité d’énergie qu’un litre d’équivalent pétrole.
Où est la bonne affaire ?
Ce n’est pas parce que le monde entier déraisonne qu’on doit refuser tout effort de réflexion, quelle que soit la position sociale ou politique.