Voilà encore une technique nouvelle d'exploitation de l'énergie formidable que stockent pour les années à venir les océans de la planète : après les marémotrices, machines à vague, hydroliennes, et éoliennes en mer, l'énergie du sel, compliquée mais efficace, est à l'origine d'un projet de prototype pour une mini-centrale, étudié par la société norvégienne Statkraft, spécialiste des énergies hydrauliques. Une énergie largement disponible, quoique moins perceptible que ses concurrentes puisqu'elle agit grâce aux différences de concentration en sel occasionnant des mouvements dont le principe tient tout simplement à les canaliser dans les turbines génératrices.
"C'est totalement neutre en émissions de CO2", explique Jon Dugstad, un haut-responsable de Statkraftk, cité par l'AFP. "Tout ce qu'on fait, c'est mélanger eau douce et eau de mer, sans rien ajouter dans un processus qui est parfaitement naturel" puisqu'il se produit partout où les rivières se jettent dans la mer.
L'énergie osmotique exploite la différence de concentration entre liquides: si l'on sépare deux masses d'eau filtrée, l'une salée l'autre douce, par une membrane semi-perméable, la seconde --moins concentrée-- migre naturellement vers la première. Le surcroît de pression généré sur l'eau salée, elle-même préalablement pressurisée, peut alors être transformé en énergie via une turbine, comme dans les générations classiques par mouvement d'eau (marémotrice ou barrage hydraulique). D'une exploitation peu coûteuse une fois installée, l'énergie osmotique aurait aussi le mérite d'assurer une production constante et prévisible, gros avantage par rapport au solaire ou à l'éolien. L'inconvénient est d'ordre géographique : de telles centrales nécessitent une certaine emprise au sol dans des zones souvent déjà fortement urbanisées, au point de jonction entre rivières et océans. C'est aussi un avantage puisque l'énergie disponible dans les estuaires correspond à des zones où la densité humaine impose une production d'énergie importante : selon l'entreprise Statkraft, l'espace requis --la compagnie évoque l'équivalent d'"un ou deux terrains de football" pour une centrale de 160 GWh-- reste moindre en comparaison à la superficie d'un champ d'éoliennes capable de produire la même quantité d'énergie.
Lien : Osmotic Power Explained (en Anglais)
Je m'interroge sur la possibilité d'utiliser cette solution dans les aquifères des couches sédimentaires profondes type Trias du bassin parisien (Gros débits potentiels, forte salinité > 80g/l)