1 mars 2008

PARIS, 2 mars 2008 (AFP). Le ministre saoudien du Pétrole et chef de file de l'Opep, Ali al-Nouaïmi, a laissé entendre que les prix du baril de brut ne tomberaient plus sous une limite de 60 à 70 dollars, dans un entretien à la revue Pétrostratégies.

"Il existe dorénavant une ligne sous laquelle les prix (du pétrole) ne tomberont pas", a fait valoir M. Nouaïmi, dont le pays est le premier producteur pétrolier au monde.

"Si vous regardez le coût marginal de production des carburants alternatifs, que ce soit les biocarburants ou les sables bitumineux, je pense qu'elle se situe entre 60 et 70 dollars", a-t-il argumenté.

"Si vous prenez en compte toutes les subventions qui entrent en jeu dans la production d'un baril de biocarburant, je doute que quiconque puisse gagner de l'argent dans cette activité avec un prix inférieur à 60 ou 70 dollars", a-t-il ajouté.

"Une ligne délimite dorénavant le niveau de prix sous lequel il ne peut chuter", a-t-il conclu.

M. Nouaïmi a refusé de se prononcer sur l'issue de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) mercredi à Vienne: certains membres de l'Opep "déclarent que nous allons maintenir la production, d'autres que nous allons la réduire. Ce ne sont que des opinions".

"Nous examinons les informations telles qu'elles se présentent, nous étudions les données et nous décidons en conséquence. (...) Tant que cela n'est pas fait, il est imprudent de dire autre chose", a-t-il jugé.

Le ministre saoudien a par ailleurs affirmé que son pays cherchait à devenir "un pôle de recherche dans l'énergie solaire" peut-être l'énergie alternative "idéale", en particulier pour un pays comme le sien.

Les biocarburants occasionnent "le renchérissement des denrées alimentaires" causent "une augmentation des émissions" de gaz carbonique lorsqu'on convertit "des forêts en zones agricoles", a-t-il notamment fait valoir.

L'Arabie saoudite travaille par ailleurs sur des programmes de recherche pour le captage et le stockage du CO2 auxquels "de nombreux pays sont prêts à coopérer", affirme M. Nouaïmi.

Il a précisé que le royaume saoudien détiendrait une capacité totale de production de 12,5 millions de barils par jour (mbj) fin 2009, contre environ 11 mbj actuellement.

"Lorsque nous serons à 12,5 mbj, nous aurons environ 1,5 à 2 mbj de capacité non utilisée", a-t-il noté.

"Il n'y a pas vraiment de justification pour ajouter de la capacité dans le futur", estime-t-il, même si les réserves saoudiennes, les plus vastes au monde, "peuvent tout à fait assurer une capacité additionnelle".

Selon lui, les chiffres de prévision de demande pétrolière mondiale à l'horizon 2030 ne cessent d'être revu à la baisse.

"Initialement, nous avions 130 mbj, puis les chiffres sont tombés à 119 mbj, pour atteindre finalement 106 ou 108 mbj (...). Donc ces projections continueront de bouger avec les améliorations de la conservation, des véhicules, de l'introduction des combustibles alternatifs", poursuit-il.

"Nous pensons donc que 12,5 mbj sont amplement suffisants à l'heure actuelle", a-t-il insisté.

Il a en outre noté que le sous-sol de l'Arabie saoudite n'est "pas entièrement exploré" que le pays intensifie la recherche de réserves additionnelles: "je pense que nous pourrons ajouter 200 milliards de barils de réserves".

Ces réserves additionnelles, même si elles ne sont pas mises en exploitation, permettraient notamment de "rassurer le monde et lui faire comprendre que nous n'allons pas épuiser les réserves au cours des 5 à 10 prochaines années, comme le prédisent les théoriciens du +peak oil+, a-t-il conclu.