MADRID, 3 juil 2008 (AFP). Le puissant ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi a sévèrement critiqué jeudi à Madrid l'idée que les carburants alternatifs puissent remplacer le pétrole et dénoncé la thèse du pic pétrolier, au dernier jour du XIX° Congrès mondial du pétrole.
Dans une allocution solennelle devant le gotha du secteur pétrolier réuni pour un quatrième et dernier jour de Congrès, le ministre de la première puissance pétrolière mondiale s'en est pris avec virulence à l'idée que les carburants alternatifs puissent remplacer le pétrole.
"Le pétrole n'a actuellement pas de rival capable de transporter l'humanité de façon sûre, efficace et rentable", a-t-il dit.
"Il est très risqué, à ce stade précoce (du développement des énergies alternatives) de tabler sur le fait que des technologies n'ayant pas fait leurs preuves puissent rapidement remplacer le pétrole à grande échelle", a-t-il poursuivi.
Le ministre saoudien a également battu en brèche l'idée que les ressources pétrolières seraient en train de s'assécher.
"Les théories du +pic pétrolier+ ont créé des sentiments négatifs et des craintes sur l'avenir du pétrole", a affirmé M. Al-Nouaïmi.
Selon les théoriciens du "pic pétrolier", représentés par exemple par l'organisation scientifique ASPO (Association for the study of peak oil), la production pétrolière va atteindre un pic, si ce n'est déjà fait, et elle serait ensuite vouée à un rapide et inexorable déclin.
"Les études documentées sur les ressources nous disent qu'il y reste plein de pétrole exploitable dans le sous-sol, peut-être 5 à 7 billions (milliers de milliards, ndlr), si on compte à la fois les pétroles conventionnels et non conventionnels", a affirmé M. Nouaïmi
Son discours contenait également une pique envers les Etats-Unis, qui pourraient selon lui s'attaquer à l'exploitation de leurs propres ressources.
"Les limites du pétrole de l'avenir ont plus à voir avec la politique que la géologie ou les ressources disponibles. Par exemple, les terrains les plus prometteurs aux Etats-Unis se situent au large des côtes, l'accès d'une bonne partie d'entre eux étant refusé à l'industrie", a souligné le ministre.