Les indicateurs économiques, éléments de mesure de l'activité, ont la vie dure : Du PIB (Produit Intérieur Brut) au BNB (Bonheur National Brut), il y a quelques étapes qu'auront bien du mal à franchir nos vieilles économies. Le Collectif Fair (Forum pour d'autres indicateurs de richesse),constitué d'experts et economistes français, travaille sur une problématique qui peu à peu sort de la confidentialité. Parmi les évènements marquants de cette fin d'été, le collectif a publié une note d'analyse sur le fameux rapport Stiglitz, dont une version provisoire a été publiée début juin par la commission pour la mesure de la performance économique et du progrès social, mise en place en 2008 par Sarkozy et présidée par Joseph Stiglitz. Le rapport définitif sera remis par le prix Nobel d'économie américain Joseph Stiglitz, président de la Commission sur la mesure de la performance économique, lors d'une journée-débat organisée au Grand amphithéâtre de la Sorbonne, le 14 septembre prochain.
Les ministres Christine Lagarde (Economie) et Jean-Louis Borloo (Ecologie) sont attendus à cette conférence tout comme le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, et le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Khan, a-t-on indiqué. Le Prix Nobel d'économie indien, Amartya Sen, et le président de l'OFCE, Jean-Paul Fitoussi, qui ont tout deux participé aux travaux de la commission, devraient également être présents.
Pour le moment, en commentaire du pré rapport soumis début juin, le Fair estime le diagnostic lucide, mais des propositions qui ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Note du FAIR, extrait (article complet)
Le principal atout de ce rapport réside dans la remise en cause du Produit Intérieur Brut (PIB) en tant qu'indicateur de performance et de progrès. De multiples collectifs citoyens et réseaux de recherche, dont FAIR, dénoncent depuis des années l’usage de cet indicateur pour piloter nos sociétés. La Commission légitime aujourd'hui leurs critiques : le PIB, centré sur la production et la consommation marchandes et monétaires, ne prend en compte que certaines activités, ignore les effets prédateurs du productivisme et de la dérégulation sur la vie sociale et sur l'environnement. Il compte positivement des activités néfastes ou qui ne font que réparer des dégâts d’origine humaine. Il est indifférent à la mise en cause des biens communs vitaux (eau, air, sol, ...) et à la violation des droits fondamentaux de milliards de personnes qui en résulte. Il a été incapable de nous alerter sur l'existence et l'aggravation des crises sociales, écologiques, économiques et financières. Il nous a aveuglés et rendus collectivement insensibles aux dérives de notre modèle de développement.
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A ce stade, nous estimons que ce rapport est certes l'une des contributions à mettre au débat, mais qu’il ne peut constituer la nouvelle référence pour sortir de la dictature du PIB. Il est urgent que la société se mobilise pour "définir le monde que nous voulons" (A. Sen), puis pour construire les nouveaux indicateurs dont nous avons besoin. Il est urgent que les citoyens soient invités, via les instances consultatives existantes mais aussi de façon plus large, du local à l'international, à délibérer sur ces questions d’intérêt collectif, ainsi que le recommande le récent rapport du CESE (Conseil économique, social et environnemental).
Lire aussi :
- Pour changer de cap, dégrippons la boussole (Revue Nouvelle, Isabelle Cassiers, Mars 2009)
- le PIB, un indicateur plus qu'imparfait (La Croix)