23 juin 2010

PARIS, 23 juin 2010 (AFP). Les producteurs d'électricité et plusieurs associations de défense de l'environnement ont signé un document commun mercredi visant à concilier le développement de l'hydroélectricité et la protection des milieux aquatiques et des espèces.

Cette "convention d'engagements pour le développement d'une hydroélectricité durable", âprement négociée depuis 18 mois, prévoit en particulier une révision à la baisse de l'objectif de développement de cette énergie renouvelable: + 3 TWh (terawattheure) à l'horizon 2020 contre 7 TWh initialement envisagés à l'issue du Grenelle.

Cet objectif doit être réalisé par l'optimisation des rendements des turbines existantes ainsi que le développement de nouveaux ouvrages.

La France dispose du deuxième parc hydroélectrique en Europe après la Norvège. Avec une capacité de production de 67 TWh en année moyenne, les barrages répartis à travers le pays génèrent environ 12% de la production d'électricité.

"L'hydroélectricité est une énergie indiscutablement durable et renouvelable. La biodiversité et la défense des milieux aquatiques est aussi un sujet crucial et vital", a souligné le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, lors de la signature, saluant un accord trouvé dans "l'esprit du Grenelle".

La convention prévoit en particulier un effort de recherche sur l'impact des barrages sur les espèces. Un programme spécifique de 4 M EUR sur l'anguille est déjà en cours: selon les estimations citées par le ministère, ces derniers seraient responsables de la diminution de 44% de la densité d'anguilles depuis 1983.

Pour Serge Orru, directeur général de WWF-France, cet accord est un "pas de plus en faveur d'un partage plus responsable des usages". "Nous ne sommes pas contre l'hydroélectricité mais nous voulons contribuer à une nouvelle culture des rivières, des poissons migrateurs", a-t-il souligné, se félicitant que "l'idée que notre pays puisse supprimer certains barrages" ne soit désormais plus "taboue" mais "institutionnalisée".

Note discordante: la fédération France Nature Environnement (FNE, 3.000 associations), partenaire central du Grenelle de l'environnement, a refusé de signer cette convention.

Jugeant que la France, "pays déjà fortement équipé en grands barrages hydroélectriques" avait "atteint la limite", elle a mis en garde contre "la destruction des derniers tronçons de rivières vivantes du pays".