23 novembre 2010

Après avoir déploré la vogue dominante du « design jetable » dans un article précédent, nous vous présentons aujourd'hui une invention étonnante capable de prolonger la durée de vie d’un nombre incalculable de produits de consommation courante.

Une pâte à réparer multiusages

Le Sugru est une sorte de mastic qui se travaille comme de la pâte à modeler et qui marie pour la première fois la malléabilité de silicones industrielles aux propriétés adhésives des colles à base de silicone.  La pâte conserve ses propriétés malléables pendant environ 30mn après l’ouverture du paquet et sèche en 24h.  Le Sugru adhère au plastique, au métal, à la céramique, au verre, est résistant à l’eau, à la chaleur (160ºC) …et au lave-vaisselle.

C’est à Jane Ní Dhulchaointigh, une jeune irlandaise de 31 ans  originaire de Kilkenny, [Sugru est dérivé du gaélique irlandais «súgradh » signifiant « jouer »] que revient l’idée originale de cette nouvelle matière flexible.  Les recherches débutent en 2003 lorsque,  encore étudiante au Royal College of Design de Londres, Jane explore la possibilité de développer une matière qui permettrait aux public de «réparer, personnaliser et adapter les objets du quotidien ».  Cinq ans plus tard, Le Sugru est prêt à être commercialisé.

De l’aveu même de son inventrice, les domaines d’application de cette nouvelle pâte à modeler miracle ont largement excédé ce qu’elle avait anticipé.  Pour s’en convaincre, il suffit de passer en revue sur le site web les photos envoyées du monde entier par les membres du public. Le Sugru permet par exemple :

  • d’améliorer la prise des manches d’outils, d’ustensiles de cuisine, de béquilles etc.
  • de réparer les semelles de chaussures ou de bottes en caoutchouc
  • de réparer ou de protéger les bords des ordinateurs ou téléphones portables
  • de créer des serre-câbles sur mesure pour les appareils électriques, les vélos
  • de réparer les clefs, les écouteurs, les colliers, les tasses en céramique
  • d’attacher des ustensiles sur des surfaces verticales etc.

Il s’agit donc bien de faire durer les objets d’utilisation courante (souvent en matière plastique ou composite) en les recyclant de façon créative.  Combien de fois nous est-il déjà arrivé de jeter des objets en parfait état de fonctionnement tout simplement parce qu’une poignée est cassée, un bouton manque, une surface est fissurée, une protection en plastique manque et qu’il est impossible de se procurer la pièce manquante.  Mais dans la majorité des cas, il s’agit tout simplement d’améliorer ou de modifier le design des objets pour un usage bien précis, et les possibilités sont infinies.

L’arrivée de ce produit sur le marché signale-t-elle l’entrée dans une nouvelle ère post-consumériste remettant en question un modèle de standardisation de masse qui en définitive ne convient pas forcément à la majorité des utilisateurs?

Déjà disponible sur le marché depuis plusieurs mois, Le Sugru est en passe d’acquérir une renommée mondiale après avoir été retenu par le Time magazine comme l’une des 50 inventions les plus importantes de 2010, aux côtés de l’iPad !

Le Sugru est vendu en ligne en quatre couleurs (bleu, orange, noir et vert) au prix de €13.20 pour un mélange de 12 x 5g (3 sachets de chaque couleur) ou €7.20 pour 6 x 5g d’une couleur unique (+ frais de port).

http://sugru.com/