L'information est passée inaperçue dans les médias francophones, mais elle commence à faire du bruit à l'international. Et il faut dire que l'annonce de l'agence environnementale néerlandaise, communiquée hier, n'est pas anodine : selon cette agence, qui se base sur des données de production de compagnies pétrolières comme BP, la Chine est devenue en 2006 le plus gros émetteur de gaz à effet de serre, ravissant aux USA la tête de cette course effrenée à la consommation la plus débridée d'énergies fossiles. Derrière ces deux leaders, viennent évidemment les pays de l'union européenne qui mis ensemble sont eux aussi, malgré les discours pompeux de leurs dirigeants, les plus gros pollueurs de la planète. Car si le pic de production se focalise sur la Chine , qui alimente sa croissance en ouvrant des centrales à charbon, il ne faut pas, ici, se dédouaner d'une responsabilité autant historique que conjoncturelle : n'oublions pas que les consommateurs qui tirent la croissance chinoise sont nos propres pays, autant américains qu'européens. C'est le message de Greenpeace en réaction à cette nouvelle atterrante : de Berlin, New York, Paris, Londres, si les émissions de CO2 se stabilisent, ce n'est que la conséquence d'une exportation des productions les plus sales dans les pays émergents. N'oublions pas non plus les émissions par individus, de l'ordre de 10tonnes /personne en europe, 20 t /personne aux USA, seulement 3.5 t / personne en Chine. A ce rythme, le découragement pointe son nez : les scientifiques de la Royal Society, emmenés par James Hansen, de la NASA, parlaient hier encore de notre planète comme menacée de "péril imminent". Une fois de plus, les scientifiques sortent de leur habituelle réserve pour communiquer sur un registre inhabituellement alarmiste.
Combien de fois leur faudra-t-il nous le répéter ?