Une étude publiée fin 2011 par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) fait le point sur l’étendue du gaspillage alimentaire au niveau mondial. Pas moins d’un tiers de la nourriture produite dans le monde (soit 1.3 milliards de tonnes) est tout simplement jetée. Un état des lieux peu reluisant qui accuse au premier chef l’Europe et l’Amérique du Nord. Mais les choses commencent à bouger au niveau institutionnel, politique et associatif.
Crédit Photo: jbloom via photopin cc
Depuis plusieurs mois maintenant, un certain nombre de reportages télévisés et ouvrages très documentés commencent à mettre en lumière sur le scandale grandissant du gaspillage alimentaire que ce soit en Europe ou à l’échelle mondiale. Un gaspillage qui s’effectue à tous les stades de la production de la distribution ou de la consommation des denrées alimentaires. En quelques chiffres, le gaspillage alimentaire en Europe et Amérique du Nord représente 280 à 300 kg par personne et par an, dont un tiers (95 à 115 kg) gaspillé au stade de la consommation (foyers, restauration, cantines etc). En France, il est estimé que chaque personne jette en moyenne 20 kg de restes comestibles ou nourriture encore emballée par an. Même si les pays émergents gaspillent beaucoup moins que les occidentaux, c’est au stade de la récolte, de la transformation et de la distribution que les pertes restent les plus importantes.
Le changement climatique, l’augmentation sensible du prix des denrées alimentaires et des prix énergétiques auquel il faut ajouter un certain nombre de pratiques parfois aberrantes (quotas, calibration, dates de péremption, pulvérisation au colorant ou destruction des invendus) dans les secteurs de l’agriculture et de la grande distribution soulignent l’urgence nécessaire à réduire ce gaspillage inutile. Et en filigrane de ce gigantesque gâchis se dissimulent également les coûts énergétiques et les rejets en CO2 associés à la production de cette nourriture qui ne sera finalement pas consommée.
Ce rapport de la FAO ainsi que plusieurs autre études similaires émanant de divers organismes européens ou privés sont à l’origine d’une Résolution du Parlement Européen du 19 janvier 2012 sur le thème «Éviter le gaspillage des denrées alimentaires : stratégies pour une chaîne alimentaire plus efficace dans l’Union européenne». Ce texte jette les bases d’un changement de cap radical et de la mise en place d’une politique beaucoup plus entreprenante en matière de gaspillage alimentaire. La résolution invite par exemple les membres de la commission à :
- Revisiter la législation en place concernant le calibrage des fruits et légumes frais, source de gaspillage inutile.
- Définir plus précisément le terme de gaspillage alimentaire qui ne différencie pas les notions « déchets alimentaires », « résidus alimentaires », « déchets biologiques » etc.
- De clarifier les définitions légales concernant les dates de péremption (« date limite de consommation », « date limite d’utilisation optimale » etc.)
- Mettre en place des campagnes de sensibilisation et réduction du gaspillage alimentaire à tous les niveaux de la chaine alimentaire avec des objectifs précis et chiffrés. (Voir par exemple en France http://www.reduisonsnosdechets.fr/)
- Mettre en place une politique beaucoup plus coercitive en matière de gestion des déchets et de ciblage des causes du gaspillage par secteur.
- Soutenir activement les circuits de récupération et de redistribution des invendus ou des produits frais proche de la date de péremption (comme par exemple le réseau des épiceries solidaires, Le Panier de la Mer, La Tente des Glaneurs etc.)
- Promouvoir les circuits de distribution courts comme les marchés et coopératives de vente directe ou les systèmes d’achats groupés.
Ce ne sont ici que quelques uns des thèmes qui seront développés lors de l’année européenne de lutte contre le gaspillage alimentaire en 2014.
Du 17 au 25 novembre 2012 : Semaine Européenne de la Réduction des Déchets
Vient de paraître : La Grande (Sur)Bouffe. Pour en Finir avec le Gaspillage Alimentaire de Bruno Lhoste