Les lecteurs d'ecolopop connaissent sans aucun doute Hervé Kempf, journaliste dont nous relations souvent les chroniques et articles qu'il signait dans le quotidien Le Monde. S'il faut noter qu'il y a 5 ans le journal lui consacrait sa une (voir notre revue de presse), on était alors en pleine effervescence "post grenelle de l'environnement", période de grandes paroles et d'engagements symboliques, promesses qui n'engageaient alors que ceux qui y croyait, comme en témoignera la fameuse sortie de Sarkozy en 2010 : "l'environnement ça commence à bien faire" (visite au salon de l'agriculture, mars 2010).
Et 5 ans plus tard l'ambiance a bien changé, y compris au sein de la rédaction du Monde qui se sépare de son journaliste phare dans le domaine écologique. Ou plus exactement, Hervé Kempf a de lui même pris l'initiative de quitter son employeur, et pas pour des raisons futiles : on parle ni plus ni moins de conflit d'opinion et de censure, le journal ayant refusé à ce spécialiste de la question le suivi des enquête et des articles sur la question de l'aéroport de NOTRE DAME DES LANDES, projet contesté depuis des dizaines d'années et qui a occasionné quelques démonstrations de la force publique récemment. Et pourtant, s'il y en a un qui connaissait bien le sujet, c'était Hervé Kempf puisqu'il est à l'origine de la révélation concernant M. Hagelsteen, préfet de Loire-Atlantique qui avait préparé l’appel d’offres que remporterait ultérieurement la compagnie Vinci pour la construction et l'exploitation de l'aéroport (à cette heure encore très hypothétiques), et qui avait plus tard été embauché par cette entreprise.
Vous retrouverez toute l'explication de ce départ par le principal intéressé lui même sur reporterre, le site qu'il a créé il y a plusieurs années, et c'est là le plus intéressant : se retrouvant sans resources pour le moment, Hervé Kempf compte sur sa notoriété et sur ses conférences payées pour financer peu à peu ce nouveau média qu'il espère indépendant et à qui nous souhaitons longue vie et un maximum de notoriété.
Il est tout aussi intéressant de réécouter son interview par Daniel Mermet, dans Là bas si j'y suis. il y (ré)explique sa démarche et dans une tirade qu'on pourrait intituler "les français parlent aux français", il nous rapelle avec sobriété cette évidence limpide que toute publication défend l'opinion de celui qui la dirige (celui qui paye l'orchestre paye la musique, nous ressasse Mermet). Pour The Economist, Le Figaro, l'Humanité, on sait qui tient les rennes. et Au Monde, qui c'est qui paye ?