Le défi principal à surmonter est celui d'assurer que l'humanité aura un avenir, répètent inlassablement de nombreux scientifiques et ingénieurs, parmi lesquels le vénérable Hubert Reeves. Ce dernier, toutefois, n'est pas au générique du dernier travail de synthèse de l'Académie nationale américaine d'ingéniérie, qui publiait en find de semaine dernière un rapport sur les défis technologiques à relever dans les années à venir, pour garantir un avenir meilleur à l'humanité, en ayant comme priorité "santé et joie de vivre", selon les auteurs du rapport : "La Terre est une planète dont les ressources sont limitées et la population qui s'accroît les consomme à un rythme qui n'est pas tenable", soulignent ces experts, parmi lesquels on retrouve Larry Page, fondateur de Google, et Graig Venter, le pionnier des biotechnologies spécialiste controversé de l'ADN, qui fut le premier homme à publier entièrement l'intégralité de son propre code génétique ! Les défis, outre les progrès technologiques que l'on peut attendre, sont donc monumentaux, et concernent surtout, comme l'affirmait Al Gore, les questions de morale, mais aussi de production alimentaire, énergétique, et de sécurité ... nucléaire.
"Nous avons retenu des défis dont nous pensons qu'ils peuvent être raisonnablement surmontés au début de ce siècle par la créativité ainsi que ar une mobilisation des talents et ressources", a déclaré William Perry, président du comité de 18 experts créé en 2006 par l'Académie et ancien ecrétaire à la Défense de Bill Clinton. "Certains de ces défis peuvent être et doivent être maîtrisés dès que possible", a-t-il poursuivi, lors d'une conférence de presse en marge de la onférence annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS). Sans classer ces défis par ordre de priorité, il a cité l'énergie solaire abordable et la maîtrise de la fusion nucléaire, deux objectifs qui pourraient être respectivement atteints dans moins de cinq ans et une décennie, selon lui.
"La quête pour la fusion a fait atteindre les limites de l'ingéniosité de l'ingéniérie mais des avancées prometteuses laissent penser que l'objectif de produire de l'énergie à partir de la fusion pourrait être atteint" d'ici dix ans, a déclaré.
Mais même avec ces succès, il est improbable que les énergies fossiles seront remplacées à un horizon proche, estime M. Perry. Parmi les autres défis retenus par le comité figurent une myriade de 14 thèmes : la mise au point de technologies de séquestration du dioxyde de carbone (CO2), le contrôle du cycle d'azote dans l'atmosphère, l'accès à l'eau potable, l'amélioration des infrastructures urbaines, l'avancement de l'informatisation de la santé, la mise au point de médicaments plus efficaces, la compréhension du fonctionnement du cerveau et à les neurosciences, le contrôle du terrorisme nucléaire, la sécurité sur internet, le développement de la réalité virtuelle, la promotion de la formation personnalisée et la mise au point d'outils pour la découverte scientifique. Les internautes sont appelés à donner leur point de vue en notant le "défi" le plus important : d'ores et déjà les résultats du sondage sont étonnants, à l'heure où nous écrivons le défi le plus voté par les internautes est celui de la connaissance du cerveau.
"Relever ces défis avec succès changera totalement le monde", a conclu Charles Vest, le président de l'Académie nationale américaine d'Ingéniérie (NAE).
On n'en doute pas : l'enthousiasme est de mise chez nos amis ingénieurs, il est vrai que l'époque et les progrès informatiques laissent imaginer les plus folles inventions pour les années à venir. Le mérite de travaux de ce genre est de remettre les évolutions technologiques dans leur contexte social, écologique et ... humain.
Rapport en ligne consultable gratuitement : Great Engineering Challenges