à la découverte de l'Odet : Adepte du canoë, du bivouac et du feu de camp, le photographe Erwan Balança s'écarte rarement de l'eau. Ici au bord de l'Odet à l'occasion d'une exposition sur cette rivière bretonne. Une Réalisation Tristan Gonnet.
INTERVIEW
Erwan Balança : "J'aime passer du temps avec les bestioles, du campagnol au grizzli"
Présent au dernier Festival de Ménigoute lors de la projection du documentaire que Mathieu Pheng lui a consacré (cf. newsletter de décembre), Erwan Balança sera l'invité d'honneur du Salon d'art animalier du prochain Fifo, où il nous présentera une exposition inédite tirée de son dernier ouvrage, Bretagne, terre sauvage, paru aux éditions Glénat.
• Comment est né ce projet d'ouvrage ?
J'avais déjà fait un livre sur la Bretagne aux éditions Coiffard avec Jean-Yves Monnat, un scientifique et naturaliste breton hors pair avec qui je passe beaucoup de temps, qui a en outre une belle plume. Glénat m'a contacté pour un nouveau projet sur ce sujet en nous laissant libres quant à l'approche. Nous avons décidé d'aborder la Bretagne à travers ses milieux naturels caractéristiques. Jean-Yves Monnat a une connaissance livresque des territoires bretons, ce qui était un atout énorme. Les lieux clés, les images importantes, nous les avions en tête, avec le souci de ne faire ni un catalogue, ni une encyclopédie. Quant à la préface, nous l'avons confiée à Fabrice Nicolino.
• Y a-t-il des images que vous n'avez pas pu faire ou, à l'inverse, de bonnes surprises ?
Malgré un mois passé à l'affût dans les monts d'Arrée, je n'ai pas réussi à immortaliser la bécasse – queffelec en breton –, mais j'en ai fait de belles observations. En revanche, je voulais saisir le faucon pèlerin en vol, et ça a bien marché. J'aime bien aussi la photo de salamandre, en cadrage vertical. Ça ne m'a demandé aucune difficulté d'approche, mais j'ai essayé de restituer dans son ambiance le mystère des légendes qui entourent ce batracien. On est loin d'une photo d'identification ! Je travaille un quart de mon temps pour des magazines qui ont des demandes précises. Un livre, c'est l'occasion de se faire plaisir avec des choses moins conventionnelles.
• Comment s'est articulé le travail entre textes et images ?
Les prises de vue se sont étalées sur un an et demi. Jean-Yves Monnat n'était pas toujours présent à mes côtés lorsque je les ai faites. Nous avons défendu un choix d'images artistiques et originales. L'éditeur a travaillé sur la maquette dans un second temps. Le choix de la couverture, par exemple, est représentatif de notre parti pris esthétique : une pose lente avec de petites silhouettes de cormorans huppés, stoïques au milieu des éléments. Cet oiseau marin est souvent photographié dans des conditions estivales, avec sa huppe très esthétique. Le représenter ainsi résumait mieux à mon sens l'esprit des côtes sauvages bretonnes, où il n'hésite pas à voler au-dessus des paquets de mer, ce qui force le respect.
• Comment allez-vous sélectionner les images qui vont constituer cette expo inédite ?
Il y en aura trente en grand format, à la fois des paysages et des animaux. Je vais choisir les images fortes dont je suis très content et que j'estime à la fois représentatives du livre.
• Quelle est l'image que vous rêvez de faire ?
Je rêve toujours de l'image que je vais faire dans l'affût. Mais ce que j'aime par dessus tout, c'est passer du temps avec les bestioles, du campagnol au grizzli. À chaque fois que je vois des écureuils ou des pics épeiches, ça me procure le même plaisir. Observer un loup ou un ours blanc est évidemment un moment très fort, mais je suis tout autant excité lorsque j'attends un héron cendré ou un mulot sylvestre. Cette capacité d'émerveillement a l'avantage de faciliter la patience en affût, où je suis toujours en quête de comportements, d'attitudes, d'ambiances et de lumières.
• Quels sont vos projets en attendant Ménigoute ?
Je vais encadrer cet été un voyage au Spitzberg en voilier avec Terres oubliées. J'expose dans le Morbihan, à Plouharnel, dans le cadre d'Escales photo, ainsi qu'au Domaine de Beautour, qui présente mes images d'abeilles sauvages. J'expose aussi quelques clichés de macrophotographie à la Maison du Parc naturel Loire Anjou Touraine, qui m'a sollicité pour faire partie d'un jury dans la cadre d'un concours photo sur les p'tites bêtes : un thème qui me tient à cœur ! Et l'agenda 2017 qui décline les images du livre Bretagne, terre sauvage, sortira chez Glénat le 6 juillet prochain.
Propos recueillis par Catherine Levesque.
> Agenda nature 2017 en Bretagne sauvage, éd. Glénat (9,95 €).
> Bretagne, terre sauvage, éd. Glénat (39,50 €).
> DVD "Erwan Balança, la nature du photographe" sur commande (16 €) à : contact@collectifbke.com