Historien spécialiste du nazisme et de la modernité occidentale, professeur d'histoire contemporaine à l'université de la Sorbonne, Johan Chaputeau était l'invité de l'excellente émission radio "La Terre au carré", ce mardi 11 octobre. . Ce qu'on a entendu sur cette radio mainstream est exceptionnel de clarté et précision. S'exprimant sur le concept de limite planétaire, introduisant le symptôme de l'illiimisme qui frappe nos dirigeants, il dresse un portrait plutôt réaliste des affections psychiatriques qui frappent de nombreux personnages en vue comme , allez on balance, Elon Musk, Marcon, Borne, Jeff Bezos, tout ce que tu veux. Transcript pour ceux qui n'ont pas le temps de réécouter.
les nazis incarnent quelques unes des tendances les plus sinistres de notre modernité occidentale, à savoir l'extractivisme , le fait considérer toute être et chose comme une source d'énergie dans laquelle on va puiser jusqu'à l'épuisement, et le productivisme forcené qui aboutit à la destruction et la dévastation : le nazisme avant 1941 séduit beaucoup les élites contemporaines, qui sont effrayés par des phénomènes comme la redistribution sociale, il apparaissait comme le camp de la raison, un endroit où il faisait bon vivre pour l'argent, puisque les nazis avaient réussi, en cassant la gauche, en commandant massivement des armes à l'industrie, à faire de l'allemagne une zone d'investissement optimale, car ils exploitaient jusqu'à la lie leur environnement et les individus.
l'été 2022, historique : le terme d'historique est intéressant car la communication gouvernementale l'utilise beaucoup (et au niveau du gouvernement il n'y a guère que de la communication), ce terme dans leur bouche signifie exceptionnel, or c'est tout le contraire, c'est historique dans la mesure où ça devient une norme. On cite beaucoup l'été 1976, qui est une plaisanterie par rapport à ce qu'il s'est passé cet été, et ce qu'il va se passer les étés suivants si, comme c'est le cas actuellement, on ne fait rien, tout comme ces élites dont je parlais (ci dessus), qui dans les années 30 avaient décidé de ne rien faire face aux nazis, car c'était un régime qui rapportait de l'argent, qui était un partenaire fiable.
A propos du rapport meadows, publié sous la présidence Nixon : c'est quand même fou de constater que la présidence française est plus à droite aujourd'hui que Nixon à l'époque qui a encouragé les politiques environnementales aux USA. L'identification de la planète comme système cohérent et global date du 19e siècle, l'effet de serre a été identifié en 1924. On est 2 siècles après, on entend un président de la république dire "il faut plus produire", on se demande ce qu'il faut qu'il se passe pour que ça percole.
Les accords de Paris, les COP ne sont pas respectés , pour une raison simple : Les états sont liés dans un vaste système de corruption à des intérêts privés (fossiles, pétroliers et gaziers avant tout qui implique d'aller toujours plus loin dans l'extraction et la production, dans une course toujours plus délirante. Abolition de l'ISF, flat tax pour le travail, cabinets de conseil, etc... Le cabinet de conseil est le dernier élément parasitaire de ce système qui fleurit sur des solutions dogmatiques complètement déconnectées de la réalité.
Les intérêts privés, parallèle entre nazisme et époque actuelle : toutes les dictatures sont toujours liées , la Russie d'aujourd'hui, les monarchies du golfe, aux industries d'extraction fossile. le nazisme était regardé à l'époque comme il y a quelques années la Chine ou aujourd'hui le Qatar. Les unes du Point qui vantent l'émir du Qatar (septembre 2022) me rapellent ces unes du matin qui expliquaient dans les années 30 comment Hitler était merveilleux
Denis Meadows (mars 1972) esquissait alors une alternative viable : la notion de limite n'est toujours pas intégrée dans le logiciel des économistes (comme s'ils étaient des ordinateurs) , le système économique est basé sur un capitalisme financiarisé et dérégulé qui n'intègre pas cette notion de limite, il se fonde sur la notion que les resources naturelles sont gratuites, par convention, on est aujourd'hui dans une logique de forcené, quand on entend que la sobriété ce n'est pas "moins produire", on a affaire à des gens qui n'ont rien compris ou qui font mine de n'avoir rien compris [...] Notre système économique n'est pas viable au sens de la vie pour notre environnement, cette mince couche qui est un miracle dans l'univers, c'est cela qu'on détruit pour des intérêts aveugles, qui assument (rien du tout en réalité) un écocide et un biocide. D'après les rapports du GIEC 7 limites sur 9 ont été dépassées, ce qui est une situation unique dans l'histoire de la vie invité à sonner le tocsin de manière. Il y a moyen de revenir en arrière mais avec des solutions de réduction des flux de matière et d'énergie qui structurent notre économie.
Remise en cause du récit du progrès de l' humanité. Ce récit a été très puissant, il a codé nos actions depuis plusieurs siècles, mais la promesse d'échange de travail contre du bien être ne marche plus depuis les années 70 surtout avec le réchauffement climatique qui désormais menace nos vies. Chez ceux qui sont censés donner l'exemple, on voit exactement le contraire, ce sont les pires décisions qui sont prises, quand elles sont prises, et sinon on laisse faire et on va droit à la catastrophe. Aujourd'hui on voit une course au profit complètement décorellée de toute ambition humaine, artistique, poétique, un véritable cauchemar. Quand on prête une attention politique et médiatique à cette coupe du monde en plein désert. Quand on voit une compagnie pétrolière qui engrange des milliard refuser de partager avec les consommateurs, on marche à l'envers. Les gens qui portent ce système devraient être portés devant la cour pénale internationale.
La réalité virtuelle : on assume (encore le même mot) de créer des déserts biologique (bétonnages, goudronnage, dévastation irréversible, intrants chimiques massifs) pour donner la consolation du métaverse. Quand on voit les coût écologique des cette illusion , cette dystopie !!