Il n'existe à l'heure actuelle, contrairement au label bio, aucune législation officielle pour certifier la qualité des produits estampillés "commerce équitable". Le gouvernement français a décidé de lancer la Commission nationale du commerce équitable qui sera chargée d'établir une liste de critères précis afin de publier un décret à paraître prochainement. Dans une loi du 2 août 2005, le gouvernement avait déjà donné une définition officielle du commerce équitable : "qui organise des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteurs désavantagés situés dans des pays en développement", pour assurer "le progrès économique et social de ces producteurs". Mais sans plus de précisions sur l'oganisation desdits échanges. Pour l'instant cela reste flou : parmi les critères qui détermineront l'obtention du label, le ministère a cité l'indépendance, la transparence de leur fonctionnement, l'accompagnement des producteurs et le contrôle des importateurs, ainsi que le respect des "droits fondamentaux" type travail des enfants ou liberté syndicale. Les organisations de commerce équitable ont prévenu qu'elles seraient "vigilantes" sur la mise en oeuvre du dispositif.
Le commerce équitable, même s'il ne représente qu'un infime partie du commerce, est en pleine croissance. Récemment plusieurs fraudes ont été constatées : on peut donc féliciter la réactivité du gouvernement qui en légiférant l'étiquettages des produits issus du commerce équitable ajoutera à la crédibilité du système.
. "La France est l'un des pays les plus avancés pour la reconnaissance et la promotion du commerce équitable" a affirmé Jacques Chirac en Conseil des ministres, mercredi dernier. Selon Renaud Dutreil, Ministre du Commerce, l'Allemagne et la Belgique ont pris contact avec le gouvernement pour transposer ce dispositif chez eux.
Quinzaine du commerce équitable 2006 : Examinons nos rapports marchands !
28 avril 2006
Les techniques marketing ont indéniablement réussi à assurer la notoriété de l’expression « commerce équitable » dans l’opinion. Mais elles ont transformé en quelques années une problématique politique en produit publicitaire, dont l’efficacité en terme d’améliorations concrètes des conditions de vie des producteurs du sud est discutable.
D’une action de sensibilisation, la quinzaine du commerce équitable est devenue au fil des années une quinzaine pour la promotion du prétendu label Max Havelaar. L’objectif de la Plate Forme du Commerce Equitable (PFCE) est aujourd’hui de faire adhérer l’opinion à une marque, d’en assurer la notoriété. En aucun cas d’inviter nos concitoyens à réfléchir sur leurs actes de consommation. Cette confusion entre action de sensibilisation et démarche commerciale contribue à développer aux yeux de l’opinion une vision manichéenne du monde, ou la promotion du bon produit « équitable »™ prend bien soin de ne pas remettre en cause l’idéologie consumériste [1], alors que ce sont précisément nos modes de développement qui sont en cause aujourd’hui. Cette situation est d’autant plus inquiétante que désormais cette propagande commerciale s’étend en milieu scolaire avec l’aide financière des collectivités locales. Les enfants, premières victimes d’un consumérisme effréné, sont une nouvelle fois la cible de marchands, d’autant plus dangereux qu’ils se parent de vertus. Il est donc urgent de les amener à réfléchir sur leurs actes de consommation.
Pour le gouvernement actuel, très sensible au poids de la grande distribution, le « commerce équitable » n’est qu’une cause humanitaire qui doit se restreindre à faciliter les conditions d’accès aux marchés à des producteurs « défavorisés » du sud. Selon l’accord de l’AFNOR, dont il faut rappeler qu’il fut imposé par le gouvernement sous la pression du ministère de la coopération soutenu par certains acteurs du commerce équitable en mal de reconnaissance institutionnelle et de subventions, en aucune manière, les groupes de producteurs ne peuvent examiner les conditions de commercialisation de leurs produits. Les industriels et les distributeurs qui transforment et/ou commercialisent ces produits « équitables » n’étant soumis à aucune obligation peuvent donc se permettre toutes formes d’abus.
La question d’un commerce équitable, ne repose pas sur l’intensification coûte que coûte des échanges marchands. Seul l’examen de ces échanges, est de nature à répondre aux enjeux d’ une mondialisation qui permette aux peuples de vivre et travailler au pays en ayant la possibilité de (re)conquérir de nouvelles libertés et de nouveaux droits. Tel est l’enjeu d’une approche universelle du commerce équitable.
QMD
[1] Campagne Max Havelaar 2006 : « Pour un monde plus juste, faites vos courses »