Jusqu'où iront-ils ? Il y a vingt ans, James Hansen, célèbre climatologue de la NASA, lançait devant le Congrès Américain une des premières alertes au réchauffement. Il y a quelques jours, il profitait de l'anniversaire de son discours pour renouveler son alerte (lire en PDF), avec un empressement non dissimulé. Selon ses termes (lire dans le quotidien The Guardian), l'élection pour la présidence américaine, qui va se dérouler d'ici la fin de l'année, sera un moment décisif pour l'avenir, ni plus ni moins, de la civilisation occidentale. L'homme n'y va pas de main morte, comme en 1998 : le péril est grand. La seule différence, c'est qu'aujourd'hui nous approchons du "tipping point", point de basculement de la machine climatique. Pour quelques grammes de CO2 en plus (on compte la proportion de CO2 dans l'atmosphère en ppm, parties par millions), les océans, les forêts et tous les puits de carbone pourraient ne plus fonctionner en régulateur des bouleversement imposés par l'homme. Le système s'emballant en rétro-boucle infernale laisse envisager des augmentations de températures dangereuses. Heureusement que James Hansen, à l'image de Nicolas Hulot avant les élections françaises (c'était si beau de rêver), garde quelque espoir : le "Business-As-Usual" est désormais "Has-Been", et ça tombe bien si l'on admet sans grande difficulté que la dépendance aux énergies fossiles est un fondamental de l'époque moderne. De ce coté là aussi, il semble que la vérité (qui dérange?) n'ait d'autre choix que d'éclater au grand jour : quand y'a plus, y'a plus. C'est pas nous qui le disons, c'est l'Agence Internationale de l'Energie, pourtant réputée d'un optimisme démesuré. Ci dessous la traduction d'un article de Keith Jonhson, du Wall Street Journal..
Peak Oil : l'IEA penche vers le camp des pessimistes
Qu'arrive -t-il au prix du pétrole ? Laissons de coté les spéculateurs : il n'y a pas de relachement prévisible, il faut s'attendre à des prix élevés pendant 5 ans, sans possibilité d'intervenir. La vérite, moche : le pic pétrolier n'est plus une lubbie marginale, c'est devenu un enjeu majeur. Voilà ce qui ressort de la dernière étude sur les marchés du pétrole, publiée par l'Agence Internationale de l'Energie, institution financée par les pays riches. Etude qui soulève d'inquiétants points de blocage.
Par exemple, Le fait qu'aucun stock de pétrole brut sur la planète ne puisse se reconstituer prouve que la spéculation est peu intervenue dans le choc de ce début d'année [...] d'ici 2015, la demande des pays en développement pourrait dépasser celle des pays riches[...]
Mais la pire affirmation de la plutot conservatrice IEA est la suivante : "[...] Tout simplement, l'offre n'arrive plus à suivre la demande. Avec des mises en projets d'une moyenne de 12 mois, un déclin annuel de production de 5.2%, il faut 3.5 mbd (millions de barils par jour) de capacité supplémentaire pour soutenir la demande globale."
Et d'où peut venir cette capacité supplémentaire ? L'Arabie Saoudite est la seule à disposer de capacité supplémentaire, et cette hypothèse est très discutable. Aux Usa, des forages nationaux apporteraient peu de capacité supplémentaire, soutient l'agence américaine de l'énergie. Les producteurs hors OPEP, comme la norvège et le Mexique ne promettent qu'1.2 mbd supplémentaires d'ici 2013.
Les politiques peuvent accuser les spéculateurs, mais rien n'y fait : de plus en plus cette vérité ancestrale réapparait : on ne peut éternellement se servir dans une source épuisable.