Est-ce un répit durable pour les indiens nahua, isolés dans la forêt aux frontières de l'équateur et du pérou ? Le gouvernement d'Equateur, suite aux décisions récentes de l'OPEP de baisser sa production, a décidé d'interrompre les négociations avec le groupe pétrolier franco-brittanique Perenco. La présence de la compagnie avait mobilisé des milliers de manifestants qui avaient paralysé un de ses sites pétroliers et un aéroport et avait provoqué de violents conflits au cours desquels deux manifestants au moins avaient été blessés par des tirs de fusil à balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Mais de l'auter coté de la frontière, le groupe pétrolier vient d’obtenir le feu vert du gouvernement péruvien pour installer sept plateformes pétrolières et 14 puits dans le nord-ouest du pays. Une exploitation qui pourrait doubler la production nationale de pétrole. Mais la présence des tribus indigènes isolées et la cessation des activités de la firme dans l’Equateur voisin pourraient, selon Novethic, entraver ce projet.
Stephen Corry, directeur de Survival International, affirmait à la mi janvier : "L'OPEP et les Indiens isolés forment un duo improbable, mais quoi qu’il en soit, les temps sont durs pour Perenco. Ses activités ont été suspendues en Equateur et la pression augmente pour qu’elles le soient également au Pérou. La compagnie devrait admettre que propulser des centaines d’ouvriers pétroliers sur le territoire des Indiens isolés du Pérou est une entreprise plus qu’hasardeuse".
Mais le problème reste ouvert du coté péruvien de la frontière. Début janvier 2009, le gouvernement a en effet donné le feu vert à Perenco, pour exploiter les gisements de pétrole les plus abondants découverts ces trente dernières années, sur la zone du « bloc 67 ». Les ressources potentielles estimées avoisinent les 300 millions de barils, que le groupe entend donc forer dès 2011, à raison de 100 000 barils par jour. Pour ce faire, Perenco prévoit la construction de 14 puits, gérés par plus de 1500 ouvriers. Un projet dont les investissements sont actuellement estimés à 1,5 milliard de dollars. Si cette implantation satisfait le président péruvien, Alan Garcia, qui souhaite voir le pétrole transformer l’économie nationale, elle inquiète en revanche les défenseurs des droits des peuples indigènes, qui anticipent les conséquences désastreuses que pourrait générer la rencontre entre ouvriers de Perenco et Indiens. Ces derniers n’étant pas immunisés contre nos virus (notamment ceux de la grippe ou de la rougeole), le contact avec des « hommes blancs » leur serait probablement fatal. C’est ainsi, par exemple, que la moitié des Nahuas d’Amazonie péruvienne sont décédés à la fin des années quatre-vingt, suite à la propagation de maladies infectieuses véhiculées par les exploitants forestiers. Et bien que Perenco affirme dans son étude de faisabilité qu’il n’y a « aucune communauté indigène dans la zone d’activité du bloc 67 », l’Association interethnique de développement de la forêt amazonienne (Aidesep), assure de la présence d’au moins une tribu sur ces terres. Cette dernière a donc fait appel auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, pour enrayer les projets du pétrolier. Mais le processus est long. D’autant que Perenco s’appuie sur une loi péruvienne qui autorise l’exploitation économique « des terres appartenant à l’Etat et aux communautés paysannes et indigènes ». L’ONG Survival International rapporte par ailleurs que son équipe londonienne a envoyé un courrier aux dirigeants de Perenco en avril 2008, pour engager des négociations, et attend toujours la réponse. Quant à Perenco France, l’équipe hexagonale refuse toute communication sur le sujet, renvoyant la balle à aux collègues péruviens.
Source : Novethic / Survival International